Avec la participation financière du gouvernement du Québec dans le cadre du programme Québec ami des aînés.
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Avant le CCLSCA, il y avait une église sur la rue Amherst et le service des loisirs dans le sous-sol.
La narration séquentielle des événements conduisant à la création de la paroisse Sainte-Catherine d'Alexandrie ressemble à ça:
En 1912, l’impressionnante densification des quartiers centraux pousse l’archevêché à ordonner l’érection d’une nouvelle paroisse. Son territoire est détaché de Sacré-Coeur-de-Jésus et couvre l’ensemble des pâtés de maisons compris entre les rues Sherbrooke, Saint-André, Sainte-Catherine, Montcalm et de la Visitation.
On acquiert un terrain au coin de la rue Amherst et de la rue Robin en 1916. Il est dédié à la construction de l'ensemble paroissial. Trois ans plus tard, en 1919, le presbytère, la chapelle et les soubassements de l'église sont érigés.
Le 20 décembre 1922, un financement de 250 000$ est voté afin de construire l’église, dont les travaux débutent en 1924.
Les syndics sont autorisés à emprunter 100 000$ à la caisse populaire, remboursables sur 20 ans. Ce budget initial connaîtra des dépassements impressionnants, puisque le coût final s'élève à 390 500$, soit 159% du budget initial.
Pour rembourser le prêt, les syndics sont autorisés à prélever pendant 35 ans, à partir de 1925, un impôt foncier sur tous les bâtiments appartenant à des catholiques romains. Il s’élève à 34 cents par tranche de 100$. Les frais afférents à l'entretien de la paroisse doivent être remboursés via les méthodes de financement classiques de l’Église catholique; à savoir la dîme, la Collecte et les honoraires chargés pour les différents rituels.
Il en découle que la solvabilité de la paroisse dépend du poids démographique des catholiques romains sur son territoire. En 1930, les rentrées d’argent sont assurées puisque l’écrasante majorité de la population est à la fois catholique et pratiquante. Le quartier dispose par ailleurs d’une élite locale composée de notaires, de médecins et d’avocats au portefeuille bien garni.
Les dessins sont réalisés par l’architecte Sawyer et les travaux par Damien Boileau ltée.
La future église est de style néo-gothique, déjà démodé à l’époque, mais qui confère au bâtiment un certain cachet, du prestige et un air ancien.
Sainte-Catherine d’Alexandrie est un vaste temple capable d'accueillir jusqu’à 1800 personnes. Les dimensions du bâtiment sont de 100 pieds de front et de pieds de profondeur. La nef, c’est-à-dire la salle oblongue allant du portail au chœur, est haute de 79 pieds et la grande tour du clocher culmine à 128 pieds. La coupe transversale de l’église affiche une nef unique avec des extensions latérales. Il y a un clocher situé à l’arrière du bâtiment sur la droite. Dans le sous-sol, différentes salles permettent l’organisation d'activités communautaires.
Une statue en béton d’environ dix pieds représentant Sainte-Catherine est placée au-dessus du portique.
La charpente est faite de poutres d’acier. Les murs porteurs sont en maçonnerie et en béton. Un revêtement de briques en pierre taillée décoratif couvre l’ensemble. Le toit est couvert de plaques en cuivre.
En 1927, la messe d’inauguration est célébrée en grande pompe, plusieurs milliers de personnes sont présentes pour la procession, qui bloque toute la rue.
L'institutionnalisation du loisir communautaire au Québec est tributaire des évolutions de l’Église catholique.
Le clergé canadien-français s’est construit à partir de la Conquête en faisant différents compromis avec le gouvernement britannique et la bourgeoisie anglo-saxonne. Sa survie, précarisée après la chute du régime français en 1763, impose d’apprendre à négocier avec les nouveaux maîtres.
L’Église cherche à maintenir un ordre social théocratique chrétien. Cela exige d’orienter l’action cléricale vers tous les secteurs. Le loisir n’est pas une exception. À travers l’histoire, il agit comme une caisse de résonance de l'ensemble des tensions et des enjeux de pouvoir qui touche la société.
Le début du XIXe siècle voit l’émergence du loisir moderne en tant que phénomène urbain et industriel. L'attitude générale du clergé face à sa démocratisation dans les classes populaires est d’abord un rejet en bloc. Différentes festivités chrétiennes sont tolérées, parce qu’elles ont des visées prosélytes, mais les curés détestent à peu près tout le reste, qu’ils qualifient de loisirs commerciaux.
Ce néologisme regroupe l’ensemble des sports organisés, le cinéma, le théâtre, les spectacles et les tavernes… La définition est floue, mais réfère généralement aux activités introduites par les classes aisées anglophones, qui deviennent des industries économiques à part entière. Coupables de tous les maux. Les loisirs commerciaux sont accusés d’éloigner les fidèles de leurs devoirs familiaux, de la religion et de leur job. Ils participent à la corruption de la « race » canadienne-française et leur poursuite conduira à son inévitable perdition.
C’est l’époque de l'ultramontanisme. Suivant cette doctrine, la vie liturgique est organisée selon un calendrier aussi varié que touffu, qui ne laisse aucune place au temps libre. Le problème, c’est que les années folles débutent. Les classes populaires disposent d’un peu plus de temps libre et de pouvoir d’achat, de sorte qu’une pléthore de hobbies deviennent accessibles.
À partir de 1930, l’Église jette l’éponge et abandonne sa politique du rejet.
Les loisirs sont incorporés à la mission du clergé à travers la création d’un ensemble d’institutions, dont beaucoup perdurent encore de nos jours.
Leur mission est d’offrir des loisirs chrétiens, c’est-à-dire prosélytes, « moraux » et sous la supervision des ecclésiastiques.
L’Église s'investit lourdement dans ce projet. Des prêtres et des communautés religieuses entières sont mobilisés, se spécialisant dans l’animation et le loisir communautaire. À cette époque apparaissent les premiers PATROS, qui sont conceptualisés comme une version catholique et francophone du YMCA. Puis viennent les camps de vacances, les terrains de jeux, les clubs sportifs et les loisirs paroissiaux organisés, qui deviendront les centres communautaires de loisirs.